TERMINE_Uniquement pour toi, mon frère {PV Elwing}

J’étais dans des nuages, doux, suaves… En train de voler, voltiger dans les airs. De la douceur, un parfum subtile et agréable m’enivrant, me faisant rêver, me donnant des ailes. Rien ne pouvait altérer à mon bien être. Malheureusement pour moi, j’étais bel et bien en train de rêver. La descente de mon nirvana fut relativement violente. Un doux et voluptueux « Messire ? » vint se chanter à mon oreille et me fit ouvrir les yeux… Hé merde. J’étais là, réveillé et de mauvais poil. Alors que je prenais mon inspiration pour parler, l’auteur de mon réveille glissa sa main sur ma bouche et ajouta d’une voix chuchoteuse : « Messire… Votre précepteur vous cherche ! » J’écarquillai les yeux et enlevai sa main de ma bouche, doucement… Je remerciai d’un baiser sur le front, la sublime créature nue que j’avais sur moi et poussa l’autre qui dormait encore, pour pouvoir m’extirper silencieusement du lit de cette servante. Je m’étais juré de ne jamais dormir dans le lit d’une sous-caste, mais malheureusement, Borim a visiblement décrété que ma chambre n’était plus un lieu protecteur de mon intimé. C’est pourquoi, lorsque je me sens seul le soir, je passe mes soirées en compagnie de servantes généreuse et silencieuse. Je dois admettre qu’elles ne sont pas très douées, mais c’est mieux que rien. Surtout qu’il y a tellement de chambres de servants et de servantes, qu’il n’est pas prêt de me trouver ! ça me laisse pas mal de temps avant qu’il ne me retrouve.

Je m’approchai de la porte, pieds nus, écoutant alors ses pas discrets, mais néanmoins audibles. Je comptai… Il ne devait plus être dans ce couloir. Je fis sortir l’une des servantes, la plus habillée du moins. Si Borim n’était plus présent alors, elle me ferait sortir, mais en cas contraire, elle sortirait de sa chambre le plus naturellement possible en allant prendre son service, sans jamais rouvrir la porte. C’était le signal et c’était parfaitement synchronisé ! Cette dernière me fit donc sortir en toute discrétion, ma chemise blanche en lin très mal boutonnée, laissant mon torse apparent et mon pantalon de soie noire froissé et dépareillé. Je longeai les murs tel un serpent, aussi silencieux qu’un courant d’air. Je devais trouver refuge chez ma petite sœur. Je savais parfaitement que Borim n’irait jamais s’inviter chez Elerinna. Il n’oserait pas et de toute façon, il n’en avait pas le droit !

Je passai par des couloirs de services, ainsi que des escaliers empruntés uniquement par des domestiques. J’arrivai enfin dans le couloir de la chambre de ma chère et tendre. N’ayant croisé personne, grâce au ciel, jusqu’à ce que je rencontre la femme qui s’occupe du ménage de ma chambre. Me regardant avec de grands yeux, comprenant bien que j’avais encore une fois, dormi ailleurs que dans mon lit. Je lui fis signe de s’approcher et lui demandai en chuchotant où se trouvait Borim. Elle me répondit qu’il n’était pas loin, qu’il était déjà à sa porte ! Mon sang ne fit qu’un tour ! Et oui ! Avec le temps que j’ai mis à parcourir tous ces détours, lui, il a largement eu le temps de vérifier bon nombre de chambres ! Je sprintai donc jusqu’à la porte de la chambre d’Ely, ouvrant sa porte sans même toquer et surtout assez violement, la refermant aussi sec mais sans la claquer pour ne pas avertir le précepteur par le bruit. Essoufflé, je regardai ma sœur entourée de robes et de servantes, portant une qui ne lui allait pas du tout, qui la rendait plus vulgaire. Je mis mon index sur ma bouche, lui demandant ainsi de garder le secret de ma présence ici, devinant parfaitement que j’étais encore en train d’essayer de fuir cet homme qui me pourrissait la vie plus qu’autre chose ! … Fallait dire aussi que nous étions début d’après midi, et que je venais seulement de me réveiller… Je dois admettre que ce n’était pas très moral, mais tant pis. Profitons de la vie et surtout des servantes consentantes !

Je me retournai et collai mon oreille à la porte, sans respirer. Je l’entendis passer très légèrement. J’attendis quelques instants avant de me décoller de cette porte, essayant de reprendre mon souffle, soulagé et toujours pieds nus, m’avançant enfin vers ma petite sœur que je pris dans mes bras pour lui embrasser le front : « Je devrais faire ériger une statue en or haute de 10 mètres pour toutes les fois où tu me sauve de cet imbécile ! » lui dis-je en guise de bonjour. Puis je la lâchai pour m’effondrer sur son lit, au-dessus d’un tas de robes et d’accessoires divers et variés… Je me remémorai alors, le prochain évènement qui allait arriver : un prétendant. Ha oui ! C’est vrai ! J’eu un sourire malicieux… Qu’elle prenne bien soin de se choisir une toilette qui lui plaise… De toute façon, s’il ne passe le test du grand-frère, il n’aura jamais la main de ma petite sœur…

J’étais allongé sur son lit, ma face complètement ensevelie sur ses robes qui trainaient, étalées. Plusieurs parfums se mélangeaient, ce n’était pas très agréable… Cette odeur de tissus lavé et stocké par centaine dans un endroit confiné et fermé, ne me plaisait guère, mais bon…. Sur le moment, je ne m’en souciais que très peu. Après quelques secondes à respirer ces odeurs désagréables, il me fallut respirer ! Je me redressai donc, et me mis en tailleur sur cet amas de robes, regardant ma jolie petite sœur, avec une nouvelle tenue.

Elle me demanda gentiment ce que j’en pensais et, posant alors ma tête dans ma main, accoudé sur mon genoux, une mine plutôt neutre et fatiguée illustrant mes pensées, je regardai ma belle Ely’ dans une robe qui ressemblaient fort à ce qu’elle a l’habitude de porter… Cela ne la changeait pas beaucoup. Néanmoins, si on veut parler stratégie, ça lui irait plutôt bien. Ne pas attirer trop l’attention, paraître simple et sobre, ne devrait pas trop attiser l’appétit de ce ou ces prétendants qui sont déjà impatients de rencontrer cet être de noble sang, au garde du corps imbattable. Une chose était sur et certaine, c’est qu’il en faudrait beaucoup pour gagner la main de ma petite sœur…. Sans doute que père serait moins difficile que moi, mais moi…. Ha ! Je ne laisserais personne approcher, toucher ou même séduire ma petite sœur…. Il était simplement hors de question que je la laisse à n’importe qui. Elle est à moi, point. Du coup, peut m’importait ce qu’elle était en train d’essayer, puisque cela ne servirait à rien. J’avais déjà prévu le plan de sabotage dans ma tête…. Oui oui… Borim n’avait qu’à bien se tenir ! Père et Mère aussi ! Je n’allais pas – à nouveau – laisser un bâtard de mâle essayer d’avoir la main de ma sœur…

Bref ! Ma seule réaction, passive à la question de ma petite sœur, fut un bête soupire, accompagné d’un : « Bof…. » Ce bof signifiait bien plus qu’un simple bof…. Cela voulait surtout dire : « Quoi que tu portes, ma petite sœur, tu seras toujours la plus belle, mais je ne te le dirais jamais car, cela fait partie des choses que tu sais déjà, sans que je n’ai à te le dire…. » Et oui ! Un tel sentiment, un tel hommage résumé en un simple petit mot péjoratif, comparé au sens qu’il cache en réalité.

Ensuite, une pauvre servante interrompt le fil de mes pensées en rappelant à la princesse que Borim devait passer ici, pour la préparer à la rencontre avec son prétendant. Je redressai ma tête à cette nouvelle, regardant Elerinna, Elerinna me regardant… Je m’exclamai à la nouvelle : « Et merde, c’est pas vrai ?!! » dis-je du fond du cœur… Il fallait que ce vieux fou vienne rencontrer Ely’ ?!! Et pourquoi ?!! Pour des conneries en plus !!! Grrrr…. Il fallait que je bouge de là et vite ! Moi qui croyais être en sécurité dans la chambre de ma petite sœur, et bien c’était tout simplement raté… ! Je fusillai la servante du regard et me levai d’un bond. « Trouves le moyen de l’empêcher d’entrer ici, sinon je te jure que je te fou en cage jusqu’à la fin de ta misérable vie !!! » Bon, j’avoue que ces mots étaient dits sur le coup de la colère et de l’énervement. Mais visiblement, les domestiques ont plutôt l’habitude de ce genre de langage venant de ma part… Celle-ci répondit : « Je vais le ralentir… » Dit-elle en passant sous me regard enflammé, sortant de la chambre.
Regardant alors ma petite sœur, suppliant, je lui demandai pressé en prenant ses épaules entre mes mains : « Dis-moi que t’as une cachette, un placard ou que sais-je dans laquelle je tiendrais ?! »

Son attitude ne me plaisait guère… Elle me souriait d’une façon étrange, si bien que je devinai qu’elle avait une idée saugrenue en tête…. D’ailleurs, sa réponse ne faisait que confirmer mes doutes ! : « Oui moi cher frère, néanmoins tu ne vas pas aimer. Et puis, vu comme tu as parlé à MA servante, j'estime que c'est bonne punition. » Alors de un, si je ne vais pas aimer, elle va prendre un malin plaisir à se payer ma tête alors que la solution qu’elle va bientôt me présenter sera la seule et de deux, je sais parfaitement qu’elle n’aime pas quand je parle assez vivement aux serviteurs. Cela dit, ils sont là pour ça alors bon…. Même s’ils ont l’habitude de mes sautes d’humeur et de mes différentes façons de m’adresser à eux, elle prônait le respect de ces êtres qui se chargent des tâches de nos vies ici. Rhalala… ma chère sœur ! Tu es trop douce et trop gentils avec ces personnes qui ne sont pas plus importantes que le mobilier.

Elle me montra une robe et une perruque du doigt. Là, je compris tout de suite où elle voulait en venir. Ma chère petite sœur voulait me travestir pour éviter que mon précepteur me retrouve ici.  « Mesdames, je compte sur vous pour que cette histoire ne sorte jamais de cette chambre. » Toutes le sourire aux lèvres, elles se pressèrent vers moi avec la robe, la perruque et du maquillage histoire de cacher mes tatouages. Je reculai d’un pas, tendant mon bras vers elles pour les arrêter dans leur course et d’une façon très autoritaire et d’un ton on ne peut plus sérieux, je leur annonçai : « Si jamais une fuite venait à exister, je vous promets que je vous ferai TOUTES exécuter sans la moindre hésitation ! Parole de Prince !! » Elles perdirent leur sourire de satisfaction pendant deux secondes et je baissai le bras. Il ne leur fallu pas longtemps avant de reprendre leur course vers moi, pour me déshabiller et me travestir en femelle de bas étage…. C’est bien pour toi petite sœur, sinon je te jure que je préfèrerais 100 fois me taper mon infatigable précepteur plutôt que de me laisser habiller ainsi, avec ces vêtements contaminé du monde extérieur…

Alors que l’une des servantes d’Elé, était en train de cacher mes tatouages avec de la poudre, l’autre servante sortie quelques instants plus tôt, revint en urgence. Elle ferma délicatement la porte et annonça à ma princesse que Borim était dans le couloir. Nous nous regardions pressés et je lui demandai : « Ne crois pas que ce déguisement me plait, mais ais-je au moins l’air crédible ? » Non mais quelle horreur… !

À ma question, ma tendre et adorable petite sœur me répondit non sans un léger sarcasme : « Tes est parfaite ! » Puis, s’adressant alors à ses servantes, elle ajouta : « Mesdames, je vous demanderais d’aider… Ellya, notre nouvelle aide, à s’occuper en arrière-plan, en entassant les robes. » Voilà un travail qui me sied guère, mais bon. Quand il faut, il faut ! Je soupirai alors et me mit déjà en position, tournant alors le dos à Elerinna, qui allait bientôt devoir faire face à Borim, celui qui hante mes si belles journées de délassement…. « Je ferai de mon mieux afin que… notre précepteur ne reste pas. » Je levai les yeux au ciel en entendant cette phrase. J’étais en train de me dire : mais oui mais oui ma chère sœur… Ton coeur bat pour cet insecte, je le sais et je le sens. Même si ta mission est de la maintenir le moins longtemps possible dans ta chambre, ton cœur veut le contraire…. Il te mettra à nouveau en mauvaise posture et tu ne seras plus où est ta place… Je vois la scène venir d’ici…

Bon, au lieu de laisser mes pensées et mes croyances divaguer, je devais sans doute me mettre à la tâche ! Une servante jusqu’ici trop discrète, vint se poser à côté de moi et me montrai silencieusement comment replier une étoffe soigneusement. Je m’appliquai histoire de passer inaperçu. Une fois la tâche maîtrisée, elle fit mine alors, de me passer les étoffes à replier et à entasser dans une malle. Vu le nombre de tissus jaugeant le sol, j’avais pas mal de quoi m’occuper.

Borim arrivait, ses pas se faisaient entendre et au fur et à mesure que j’entendais ses pas, mon cœur se rythmait automatiquement, jusqu’à ce qu’il s’arrête de battre, lorsqu’il toqua dignement, à la porte de la chambre d’Ely. Elérinna avait plutôt l’air détendu grâce à l’une de ses servantes qui lui montra une nouvelle robe. Seigneur ! Non mais où suis-je tombé ?! Pourquoi une telle situation par pitié !!!

Je relevai la tête et regardai cette toute jeune servante, visiblement encore plus rétrogradée que ses condisciples présentes, et elle m’offrit un doux sourire plutôt confient. La servante qui était partie en éclaireur, alla ouvrir la porte sous les ordres d’Ely et Borim resta dans le cadre de la porte, attendant ainsi, l’invitation de ma petite sœur, mais ayant tout de même vue sur l’ensemble des personnes présentes. Je tournai toujours le dos, continuant mon rangement avec les quelques servantes qui m’entouraient. Pfff ! Il faisait trop chaud sous toutes ces couches de vêtement, de maquillage, de cheveux,… !

Tournant le dos à la scène, je ne pouvais absolument pas voir la tête de mon boulet de précepteur… Dommage quelque part, puisque j’aurais aimé voir l’effet que la froideur du ton de ma petite sœur, que cela lui faisait. Mais naturellement tant mieux puisque, même avec du maquillage, Borim aurait plus de chance de me reconnaître si jamais je lui faisais face…

Borim se trouva dans l’encadrement de la porte, quand Ely’ dit ces mots plutôt glacés qui ne lui ressemblaient absolument pas : « Que me vaut ce plaisir Sire Borim ? Je ne crois pas que l'heure de mon cours soit déjà arrivée et je n'ai que peu de temps aujourd'hui. Je vous demanderais d'être bref » Pfff ! Tu parles d’un plaisir ! Vu le ton que tu viens d’employer ma petite sœur, tu n’es certainement pas crédible dans ta formule de politesse… ! Par pitié Ely’, soit plus convaincante !!! Je vais me faire avoir !!!!

Soudain, la gentille servante à côté de moi, eut le regard un peu inquiet quand elle vit que le petit familier de ma sœur se mit à gigoter assez significativement.  Je la regardai puis je jetai les yeux dans la direction qu’elle ciblait et je vis en effet que cette petite imbécile de racine risquait de tout faire foirer… Néanmoins, je détournai rapidement mes yeux de cette scène, pour continuer ma tâche et faire comme si de rien n’était avec ma complice.

« Sire Borim, ne devriez-vous pas être en train de donner une leçon à mon frère ? » Là, j’étais en train de me dire ‘ouf’ enfin, elle va le faire dégager et vite fait… «  Je suppose que vous le recherchez, sinon pourquoi venir aussi tôt après tout. » Tu jour la perspicacité Ely’, mais ne va pas trop loin non plus s’il te plaît…… « Il est passé tout à l'heure, mais apprenant que vous deviez passer, il est repartit immédiatement. » NAAAOOON ! Mais pourquoi  as-tu dis que j’étais passé ! Tu n’aurais même pas dû dire ça…. Ça lui prouve qu’à présent, il peut ajouter ta chambre à la liste des cachettes à vérifier en cas de pépin… « Alors si vous le cherchez comme je le pense, vous n'avez pas à rester. »
Je redressai mon regard, et dans le reflet d’une vitre, je vis son visage un peu perturbé et perplexe. Ely’, t’es une super mauvaise actrice !!! Je soupirai intérieurement. Borim s’excusa et annonça qu’il était au courant de l’évènement qui attendais ma sœur dans la journée et pour lequel elle était en train de se préparer. Il ajouta également qu’il n’était pas tellement enchanté et que visiblement, vu l’humeur de ma petite sœur, elle non plus. Il lui rappela qu’elle était encore libre de ses actions et de ses choix, sous-entendant grandement qu’il préférait être cette personne, ce qui me fit sourire à moitié. Borim est le pire dragueur que je connaisse…. Ce n’est point comme ça qu’on emballe une jeune fille mon pauvre ! Et surtout pas ma sœur… Il s’excusa du dérangement et il s’approcha de ma sœur. Je me redressai, regardant toujours cette scène dans un reflet et ma gorge se serra et mon sang était en train de bouillonner… S’il touchait ne serait-ce qu’à l’un de ses cheveux, je me retourne et je lui fou un coup de poing royale ! Il s’inclina devant elle, avec une de ses paumes sur le cœur et l’autre vers elle, comme s’il n’attendait que sa main à elle.

Finissant cette révérence, il fit demi-tour et prit la direction de la porte. Je vis son visage un peu déçu, essayant tout de même de garder une expression neutre. Puis il fermai la porte derrière lui, en laissant à Ely’, un dernier regard pétillant d’amour interdit. L’étoffe prisonnière entre mes doigts était en train de se faire chiffonnier par ma rage…
Je me retournai vers Ely’, arrachant et jetant par terre ma perruque et lui annonça sur un ton assez vif : « Tu es une piètre actrice petite sœur…. Tu te laisses trop emporter par tes sentiments, c’est évident ! » Là, je venais de lui avouer indirectement que ses sentiments à elle envers mon précepteur n’étaient plus que palpable dans l’atmosphère et que n’importe qui pouvait les deviner…

Alors que j’étais assez furieux de la situation, celle-ci changea du tout au tout. Je ne m’y attendais guère, je dois bien l’admettre… Ma réplique qui avait pour but de lui signaler qu’elle était trop sensible et/ou trop susceptible, n’avait eu presqu’aucun effet ! En fait, elle n’avait eu aucun effet… Borim et ma chère petite sœur s’aiment donc en secret et ils n’osaient pas se l’avouer ?! J’étais plutôt mal à l’aise avec cette situation… Mon précepteur et ma petite sœur… Bouerk ! Mais elle en était amoureuse… Son cœur est trop fragile et je ferai tout ce que je peux pour l’en protéger des moindres souffrances. Pas question qu’Ely ait le cœur brisé par n’importe qui ! Quitte à me détester, au moins, son petit cœur serait entier !

Me rapprochant d’elle, elle vint directement dans mes bras. Je sentis son poids léger contre mon torse, ne m’y attendant pas, je fus quelque peu surpris et instinctivement, je mis mes bras autour d’elle. J’enlevai ma perruque qui me donnai chaud, essuyant le plus gros du maquillage avec et l’envoya valser près d’un coffre ouvert, sans plus jamais y prêter attention. Elerinna envoya les dames dehors et elles s’exécutèrent sans dire un mot, voyant bien que la princesse n’était pas bien… Puis, une fois que nous étions en tête à tête, Ely m’annonça : « Tu devrais te changer. Tu peux rester autant de temps que tu le souhaites ici. Borim n'a rien à redire. Et même s'il te voit qu'importe. Tant que tu es dans MA chambre, il devra te laisser en paix car je ne le laisserais jamais t'emmener. » Ma seule réaction fut de poser mon menton sur son front. J’y sentais sa chaleur et sa fièvre due à cet évènement et à sa souffrance face aux sentiments de cette relation d’amour secret. Elle était fâchée et énervée. La berçant dans mes bras, je ne pouvais qu’être le support de ses larmes, son confident ou même la personne sur laquelle elle pouvait cracher son venin, sa haine.

« S'il te plait. Emmènes-moi loin d'ici. Je ne veux pas voir ce prétendant. Je ne veux pas rester au palais ! » Je glissa ma paume sur sa joue pour amener son visage face à moi et pour pouvoir la regarder dans les yeux avec un sourire : « Veux-tu réellement troquer une somptueuse robe contre une guenille et te laisser guider par ton prodigieux frère dans les rues discrètes de la Capitale ? » Lui demandais-je sur le ton de l’aventure et du défi… Elle savait parfaitement que son frère était un casse-cou et qu’il connaissait surement les meilleurs endroits pour se cacher et pour échapper à ses obligations… Mais de là à ce que ma propre sœur me demande un tel service, je crois que je n’ai jamais été aussi heureux de l’entendre me demander quelque chose !!
L’écartement délicatement de mon étreinte, j’enlevai cette robe qui me serrait un peu trop à la taille pour enfin respirer. Coinçant ma petite sœur contre moi et prenant une pose presque héroïque pour tenter de lui faire retrouver le sourire, j’ajoutai : « Crois-moi petite sœur, je connais un endroit où l’on sera bien tranquille, loin des obligations, loin des parents, loin des prétendants, loin des précepteurs et surtout, loin des problèmes ! » En tout cas, cette nouvelle allait très certainement secouer le palais !! Mais je m’en fiche… Ma petite sœur est la seule personne pour qui je sacrifierais tout même ma vie… ! On allait bien rigoler !

Ma belle et tendre me rétorqua que ça ne l’étonnait pas venant de ma part. En effet, les coins plus secrets et plus discrets de la capitale étaient mes repères ! Ma réputation me suivait… Chouette ! Mais elle ajouta toute de même : « Mais n'oublies pas une chose, avant de devenir si... vulnérable dirons-nous. Je passais pas mal de temps à l'extérieur moi-aussi. Je ne suis pas une peureuse et surtout; je suis une Evence. Je peux très bien m'adapter. » C’était certain… Quelle catastrophe cette histoire de santé ! Ça me dépassait complètement… J’étais tellement torturé de savoir ma sœur vulnérable, comme elle le dit si bien. Je m’étais forcé à être un frère davantage présent et davantage servant pour elle. Être plus sage, plus respectueux histoire d’entretenir à mieux son petit cœur ! Mais il ne fallait pas non plus que je devienne trop présent, trop imposant voire insupportable ! Le juste milieu n’était pas évident à trouver et c’est pourquoi je lui démontrai maintes fois ma ferveur envers elle, juste quand elle en a besoin. Grâce à ça, j’étais plus attentif, plus à l’écoute sans devenir étouffant. Je devinais quand ça n’allait pas et je savais quand elle avait besoin de moi.
À ces mots, je ne fis qu’un sourire en coin. Je ne préférais pas évoquer sa maladie. Je préférais susciter son envie de vivre ! Ce qu’elle était avant tout.

Elle partit s’habiller quand moi je me déshabillai. Ma chemise blanche mal boutonnée dans mon pantalon noir… Il me fallait mes bottes et une cape, mais nous repasserions par ma chambre ou par les sous-sols où une réserve de fringues délabrés aux multiples souvenirs tous aussi vils les uns que les autres, m’attendaient.

Se retournant vers moi, elle me demanda si sa tenue convenait. Je levai les yeux au ciel l’air dépité et lui fis un compliment caché : « Ma chère sœur, peut-importe ce que tu portes, tu es toujours aussi ravissante ! C’en est déprimant … » Dis-je avec un sourire un coin pour la narguer. Mais en effet, elle était bien camouflée ainsi. Elle passerait facilement inaperçu.

Elle salua sa petite bestiole-plante et ensuite je l’attrapai par la main assez vivement pour lui glisser : « Ne trainons pas. Il faut que j’aille chercher des bottes et une cape dans les sous-sols du palais avant de sortir et il faut toujours échapper à cet imbécile ! »… Et aussitôt nous partîmes dans les sous-sols du palais pour que je puisse y trouver de quoi m’habiller.